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• Il aura fallu le dramatique crash du vol régulier Paris-New-York au-dessus de l’archipel des Açores, ce 28 octobre 1949 lequel ne laissa aucun survivant, et où le boxeur Marcel Cerdan et la violoniste Ginette Neveu laissèrent leurs vies pour que la France découvre la douloureuse histoire de l’émigration basque vers l’Amérique. Ce funeste jour, cinq jeunes basques de la vallée des Aldudes se trouvaient à bord du Lockheed Constellation et le magazine Paris Match consacra un long reportage à ceux qu’il désigna maladroitement comme conquistadors d’un nouvel Eldorado.
À la même époque, le Père Adrien Gachiteguy posait la bonne question : s’agissait-il d’un véritable Eldorado ? Une hirondelle ne fait pas le printemps, et le monde basque des exilés demeurait une énigme pour ce qui était surtout de l’Ouest américain et de ses solitudes, écrira l’écrivain Joseph Peyré dans la préface de la première édition (1955) de cet ouvrage.
Bénédictin mais aussi ingénieur en agriculture, le père Adrien Gachiteguy n’aura de cesse alors, de parcourir ces vastes territoires – son père y sera resté dix-huit ans berger — pour, à bord de son Dodge cabossé, aller à la rencontre de ces déracinés et raconter leur histoire à mille lieues de l’épopée à laquelle on a longtemps voulu faire accroire. De gorges en sierras, de déserts en ranches de bouts de piste, de roulottes en hôtels basques, Adrien Gachiteguy ne négligera rien, comptabilisant, interrogeant, jusqu’à dresser cette extraordinaire carte des Basques en Amérique.
Adrien GACHITEGUY, né en 1921 aux Aldudes, issu d’une famille de paysans éleveurs de moutons et de vaches, a passé son diplôme d’Ingénieur d’Agriculture et de Viticulture à l’École Supérieure d’Agriculture d’Angers (1947-1950), complété à l’Université de Californie (Campus de Davis 1950-1951). De mai à décembre 1951, il entreprit la réalisation de cette enquête à travers tous les états de l’Ouest américain.